Revue Rose-Croix – Automne 2023

Article sélectionné dans ce numéro : N° 287 : Automne 2023

La Circumambulation

par Jean-Louis Lionello

Nombre de traditions et de religions partagent un même rite, celui de la circumambulation. Ce mot (du latin circum ambulatio, c’est-à- dire « marche autour ») définit le sens et la façon de se déplacer dans un Temple, autour ou dans un symbole, autour de sites en extérieur (par exemple : des mausolées, des montagnes, des lacs, etc.).

Chaque tradition ou religion lui confère un sens symbolique, une idée-force, une activation d’énergie. Nous vous proposons de voir avec vous comment il est pratiqué dans les religions et la symbolique qui lui est donnée, puis de partager avec vous les différentes significations qui pourraient lui être données.

Si vous avez voyagé en orient, dans les régions et pays où le bouddhisme tibétain est pratiqué, vous avez pu voir les déplacements des pratiquants autour des statues de Bouddha, des stupas ou des chören en récitant des invocations. Le déplacement se fait toujours par la gauche en imitant la course du soleil. Le mérite sera donné par le Bouddha au pratiquant s’il est sincère et régulier dans ses déambulations.

À une échelle plus grande, le bouddhiste tibétain pratique une circumambulation qui s’appelle une Kora ou un pèlerinage autour d’un lieu géographique. Vous trouverez des circumambulations par exemple autour de la ville de Lhassa ou autour du lac Namtso (cette dernière dure 18 jours).

Il existe aussi des circuits encore plus longs autour de montagnes sacrées, telle la circumambulation autour du mont Kailash, longue de 52 km, considérée comme le plus important pèlerinage d’Asie. Cette montagne est sacrée dans quatre religions :

• Pour les hindouistes elle est la demeure de Shiva
• Pour les bouddhistes c’est la demeure du Bouddha de la compassion ou Chenresig, dont le Dalaï-lama est la réincarnation.
• Selon le Jaïnisme, c’est à son sommet que son fondateur a reçu son illumination.
• Enfin, dans le culte Bön, le bouddhisme chamanique, elle est le symbole de l’âme.

Les bouddhistes et les hindous font le tour de la montagne dans le sens des aiguilles d’une montre, les bönpos et les jaïns dans le sens inverse. Cette circumambulation se fait depuis des temps immémoriaux dans des conditions extrêmes de froid quelquefois à près de 5000 m d’altitude.

Le sens du mot tibétain pour désigner le pèlerin est « celui qui tourne autour d’un lieu saint ». Il renvoie directement à la circumam- bulation autour de lieux sacrés. Cette pratique religieuse essentielle des laïcs leur permet d’acquérir des mérites pour espérer une meil- leure renaissance dans le cycle du samsara.

Dans l’Hindouisme, on l’appelle la circumambulation Parikrama, ce qui veut dire « Le chemin qui entoure quelque chose » ou « Tour, circumambulation, procession, etc. ». C’est un rite essentiel dans la pratique religieuse et chaque temple hindouiste dispose d’un couloir périmétrique autour de la divinité la plus importante, généralement autour d’Agni qui symbolise le feu sacré. Comme dans le bouddhisme, les fidèles hindouistes font aussi leur circumambulation autour d’une ville sacrée, par exemple autour de Bénarès, ou en allant jusqu’aux sources du Gange, fleuve sacré, puis en en revenant. Le pèlerinage peut alors prendre plusieurs années.

La circumambulation pour un hindouiste se fait nécessairement dans le sens des aiguilles d’une montre. C’est-à-dire en ayant sa main droite vers la divinité ou l’autel. En effet, dans l’Hindouisme, un des concepts religieux fondamental définit et fait strictement le distinguo entre le Pur et l’Impur. La main gauche est de fait considérée comme impure et ne peut donc pas toucher ou montrer la divinité. Elle est rattachée aux déchets corporels, réservée à l’hygiène intime ou à la mort. Par exemple, on ne peut servir, manger, toucher de la nourriture qu’avec sa main droite. Le pratiquant doit donc dans son déplacement pouvoir tendre sa main droite vers la divinité, le sacré ou l’autel et sous aucune manière utiliser la main gauche sans commettre une profanation grave.

Examinons maintenant les religions du Livre. Nous pouvons tout d’abord faire un focus particulier sur l’Islam et le Judaïsme qui sous certains aspects ont certaines similitudes dans leurs pratiques religieuses et leurs rituels. Dans l’Islam, le rite de circumambulation indispensable s’appelle Tawaf. Chaque musulman doit faire le pèleri- nage (Hajj) à la Mecque et accomplir sept fois le tour autour de la Kaaba. Ce bâtiment revêtu de noir est situé au centre de la cour de la grande mosquée de la Mecque. La circumambulation débute à l’endroit où se trouve la pierre noire au sud-est de la Kaaba dans le sens anti- horaire soit à l’inverse de la course du soleil. Chaque pratiquant est vêtu de blanc et doit en théorie toucher cette pierre en prononçant des paroles d’invocation d’Allah à chaque tour. Plusieurs explications sont données communément à ces sept tours du Tawaf, ils représentent les sept étapes de l’Âme pour la rendre plus propre, et la dernière repré- sente la purification et la plénitude, ou, l’image d’un point central avec le monde qui tourne autour, ou, les sept allers et retours de la seconde épouse du prophète Ibrahim pour prévenir son mari Ismaël et permettre l’interven- tion de l’ange Gabriel pour leur enfant assoiffé dans le désert. Elle symbolise alors l’errance dans le désert à la recherche de l’eau. La circumambulation autour de la Kabaa, ou autour de la pierre noire, est un rite ancien et antérieur à l’Islam et quelquefois attribué à Abraham et Ismaël. Il est à noter que les trois premiers tours doivent être réalisés d’un pas rapide et les quatre derniers, pendant les litanies, d’un pas normal. Il y a dans l’Islam, deux autres circumambulations, la deuxième appelée « le circuit de débordement » après le retour à la Mecque du Mont Arafa, et la troisième et dernière « le circuit d’adieu » avant le voyage retour.

Dans le Judaïsme, le rite de circumambulation s’appelle Haqqâfâh, il représente les sept tours de la ville de Jéricho réalisés pendant sept jours par Josué et les Israélites accompagnés des sept prêtres sonnant sept cors et la chute des murs au septième jour, suivant la volonté de Dieu. Ce rite est célébré chaque année à l’occasion de la Fête de Sukkôt. Au septième et dernier jour de la fête de Sukkôt, Hoshanna Rabab, dans la synagogue (le Temple de Jérusalem) on célèbre le début de la saison des pluies, le jour du jugement des eaux par sept tours autour de l’autel, à la place d’un tour de l’autel les autres jours. Certains his- toriens du Judaïsme ont fait remonter que le sens profond de ce rite est à rechercher dans les pratiques primitives et antérieures de la religion juive, à l’époque où le chamanisme était assez couramment répandu. Cela aurait été semble-t-il primitivement un rite de pluie.

À partir du XVIe siècle, sous l’influence d’Isaac Louria, la tradition mystique juive introduisit de nouveaux rites de circumambulation pour symboliser notamment les passages ou moments critiques dans la vie. Par exemple, dans la cérémonie nuptiale la mariée entoure le marié sous le dais nuptial, ou encore, sept circumambulations sont réalisées autour d’un mort avant son inhumation. On trouve aussi cette pratique avec les rouleaux de la Torah pour la consécration d’un temple, on effectue aussi une circumambulation autour d’un cimetière au moment d’une sécheresse, ou autour de la tombe d’un saint pour une demande d’intercession, ou encore autour de la table domestique avant les trois repas du Shabbat.

À travers ces deux religions distinctes, nous retrouvons cette simi- litude du nombre sept. Le symbole d’un cycle complet qui va démarrer avec une nouvelle période de renouvellement ou d’intégration des attributs de Dieu dans l’âme des fidèles. Le pôle central représente la demeure de Dieu immuable, Temple de Jérusalem et son substitut les synagogues ou la Kaaba et ses substituts les mosquées. Les deux tra- ditions partagent le même nombre de circumambulations. Les deux représentations des deux mondes distinguent celui d’en haut et celui d’en bas. Les sept circuits qui représentent les sept étapes des cieux, les sept attributs divins. La concordance de ces circumambulations nous indique la nécessité de nous unir avec le monde supérieur et le travail que doit accomplir le fidèle pour réunir ces deux mondes.

Dans le Christianisme, les rites de circumambulation sont présents dans l’église catholique quand le prêtre fait une fois le tour de l’autel en l’encensant avec un encensoir. Dans certains sanctuaires catholiques, il est de tradition d’entourer l’objet de culte du lieu par un déambulatoire, généralement des reliques d’un saint ou une image de Jésus ou de la Vierge Marie. La circumambulation est exécutée trois fois, en référence à la Trinité. Nous retrouvons un déambulatoire autour du chœur dans beaucoup d’églises qui abritent le tombeau d’un saint ou des reliques renommées. En Bretagne, la tradition des tours, des pardons ou ce que l’on appelle des troménies à travers les campagnes bretonnes est restée très forte.

Dans les rites chrétiens le sens des circumambulations, soit à l’intérieur, soit autour des églises, a été semble-t-il généralement déterminé par la position de l’autel et par la considération que le côté le plus digne de l’autel est, par rapport à l’individu qui lui fait face, le côté gauche, car c’est celui où l’évangile se lit ou se chante à la messe. Ainsi dans les funérailles, le prêtre officiant qui asperge et encense le cercueil placé devant l’autel commence-t-il la circumambulation par le côté de l’évangile. Les pèlerinages sont les exemples de circumambula- tion individuelle ou en groupes autour des églises ou chapelles dans les lieux de pèlerinage. En général, c’est par trois fois que les pèlerins font le tour de l’édifice ou d’un autel ou bien du tombeau du saint. La circumambulation triple ne souffre que de très rares exceptions.

Nous avons des indications du sens de la circumambulation dans une église dans des écrits où l’on nous explique que selon la tradition du Nouveau Testament, Jésus ne pouvait pas entrer dans le Temple de Jérusalem par la même porte que les autres Juifs, ainsi, au lieu d’en- trer, comme eux, par la droite, il circulait à l’intérieur par la gauche. C’est l’une des explications données pour entrer dans les églises par la porte de gauche.

La circumambulation est aussi l’expression du temps qui passe ; il s’agit donc de circuler « en rythme », pas nécessairement lentement mais, en harmonie, selon le degré de solennité du moment. C’est un temps qu’il faut prendre, qu’il faut vivre pleinement car c’est un temps pendant lequel on participe en geste à la construction du temple symbolique, virtuelle mais aussi réelle, construction collective que tous ceux qui sont présents voient mais aussi individuelle et qui demeure secrète. C’est un moment magique de transformation, un moment initiatique majeur. Le point central d’un Temple rosicrucien, où est pratiquée la circumambulation, l’Autel ou sa Shekinah est le parfait exemple de ce qui est immuable, permanent, intemporel et Sacré. Nous pouvons faire le parallèle avec l’image de l’Axis Mundi décrit dans les traditions et les religions monothéistes avec celui d’un monde qui bouge et rappelle la course des signes zodiacaux, le mouvement des planètes, tout aussi bien le rythme des saisons avec son soleil. L’homme avance dans cet univers, monde qui bouge et évolue autour de cet axe central. Ce point central fondamental est la passerelle entre les mondes supérieurs (celui de la divinité ou Dieu de notre cœur) et les mondes inférieurs (celui de l’homme et de la nature). Nous pouvons symboliquement à travers cet Axis Mundi nous élever et recevoir les bénédictions des royaumes supérieurs. C’est une correspondance qui s’établit de fait entre le Ciel et la Terre.

La circumambulation peut aussi s’apparenter à un exercice de marche méditative, comme cela se pratique en orient dans le Bouddhisme où elle s’appelle Kinhin ou dans les cloîtres de nos monastères ou couvents. Cette méditation active induit une libération de la pensée, il n’y a pas d’effort. Notre perception intuitive est différente. Notre capacité à recevoir s’étend et elle est capable d’intégrer son espace environnant. Nous sommes en mesure de dépasser notre cartésia- nisme vers quelque chose de plus subtil et d’aller au-delà du monde physique. Nous remontons une spirale ascendante ou vice versa descendante.

De manière générale, et ce qui est commun à toutes les traditions c’est que la circumambulation s’effectue toujours autour de la représentation de Dieu sous des formes des plus variées : des statues, des mausolées, des montagnes, des espaces extérieurs sacrés ou des autels. Par l’acte de la circumambulation, nous nous mettons dans un état méditatif particulier et dynamique afin de bénéficier des énergies émises par la représentation symbolique et matérielle de Dieu dans un Temple sous toutes ses formes.

Nous tournons autour d’un point fixe, un axe central, un axis mundi. Et par cet acte de circumambulation, nous perpétuons à travers toutes les traditions, aussi différentes soient-elles, depuis des temps immémoriaux ce que la mémoire a oublié mais que seule la Tradition peut atteindre les aspects intemporel et permanent de Dieu dans ses pouvoirs omnipotent, omniscient et omniprésent.

Nous voudrions conclure cet article par cette phrase du grand historien des religions Mircea Eliade : « Chaque microcosme, chaque région habitée, possède un centre ; c’est-à-dire, un lieu sacré au-dessus de tout ».

par Marie Claude Février

 « Revenu des Enfers, il va rencontrer le Diable… », c’est ce que l’on peut dire de Tempérance, quatorzième dans la suite des vingt-et-un arcanes majeurs numérotés du Tarot de Marseille et des vingt-deux arcanes au total en comptant le Mat, ou arcane sans nombre. Trois remarques peuvent être faites à son sujet avant toute observation plus poussée :

• Le nombre de l’arcane s’écrit XIIII et non XIV, car la vie ne va pas en arrière, nous dit le Tarot qui la représente, mais avance inexorable- ment ajoutant et ne retranchant jamais, en une comptabilité que l’on voudrait remettre en cause parfois à notre convenance, mais dans laquelle aucun élément ne peut être modifié.

• Il n’y a pas d’article devant ce nom (..) qui en ferait toujours une vertu certes, mais associée à un état distinct, qu’elle viendrait simplement déterminer. Alors que le mot « Tempérance » seul évoque un monde, un tout, qu’il faut apprendre à pénétrer sans être à même de l’appréhender pour se rassurer.

• Tempérance occupe le centre d’une trilogie (XIII – XIIII – XV) incluant les deux plus terribles arcanes du Tarot tant par leur aspect que par leur Leur proximité rend leur rencontre inéluctable et lui donne même une certaine immédiateté. Mais qui sont ces redoutables voisins ?

Il vient de rencontrer le treizième arcane (XIII) ou « Arcane sans nom » à l’aspect peu attrayant voire inquiétant, même si des nuances peuvent être apportées quant au sens réel de cet arcane. Inquiétant par la couleur d’abord, avec l’importance du noir qui recouvre à lui seul plus du tiers inférieur de la lame, fait exceptionnel dans le Tarot où son utilisation est plutôt limitée. Inquiétant par sa symbolique aussi avec le squelette des « danses macabres », un être quelque peu hybride ici, qui ne recevrait certainement pas l’aval de la faculté de médecine, mais exprime quand même cette inquiétude (Memento mori). N’oublions pas la faux, outil dédié à la « Grande Faucheuse » qui s’est imposée dans l’imaginaire collectif comme le symbole de la non-permanence de l’Être et disons-le, de la Mort, qu’elle soit physique ou initiatique.

Il s’apprête à rencontrer le quinzième arcane (XV) « Le Diable », ce « melting pot » de symboles, qu’à part Tempérance dont c’est la mission, personne n’a vraiment envie de rencontrer au vu de ce qu’il véhicule de négatif, maléfique, hostile à toute évolution, comme le montrent les deux personnages attachés à son piédestal. Triste trophée, pour ceux qui prétendent chercher la liberté mais ont perdu leur lucidité, inconscients du ridicule de leur aspect et de leur situation.

« Le ridicule ne tue pas » dit-on, comme le montre cette lubrique mascarade que l’on ne saurait accepter sans raisons et fait de la rencontre avec le XVe arcane une expérience peu attractive a priori mais gardant toute sa place (on peut le penser) dans le processus général d’évolution. Il est normal que l’on puisse s’en méfier, mais « l’initiable » ne saurait l’ignorer !

Sans trop anticiper, mais au vu des responsabilités qui lui incombent, il semblerait que Tempérance s’annonce comme une belle et instructive rencontre, l’arcane de l’Ère du Verseau en quelque sorte.

Un message à la fois clair et paradoxal 

À une époque où beaucoup sont à la recherche de sensations fortes, à travers des activités sportives extrêmes ou des séjours dans des lieux hostiles les amenant à « se dépasser », le personnage du quatorzième arcane par son aspect angélique, la douceur et l’harmonie qu’il dégage, pourrait paraître bien tiède et modérément actif. Mais c’est lui pour- tant qui réalise de vrais exploits, dont le moindre n’est pas d’avoir sur- vécu aux terrifiantes épreuves du treizième arcane, tout en se préparant à affronter le Diable et ses acolytes sans en paraître affecté pour autant, au vu de la sérénité qu’il dégage.

Les voyages intérieurs qu’il a entrepris peuvent se mesurer par leur exigence aux trails les plus extrêmes et on peut dire qu’avec Tempérance, ce champion de la survie et du courage associé, il n’est pas nécessaire « d’avoir l’air » pour « être » et que les apparences et les actions aisément perceptibles ne présagent pas forcément de la Vérité de l’Être. Discrétion et humilité n’empêchent pas l’efficacité ; cela serait une première leçon de cet arcane.

On retrouve cette idée d’une apparence peu conforme à la réalité sur le onzième arcane « La Force » représentée par une jeune femme loin des codes habituels, même si le Tarot faisant école à notre insu, la féminisation y a quelque peu trouvé sa place. Ne pas se fier aux apparences aussi évi- dentes soient-elles, voilà une autre leçon de Tempérance, ce champion de la survie qui n’en a pas l’air pour autant !

Des compétences indéniables

2 X 7 = 14. Tempérance a déjà parcouru les deux tiers des vingt-et-un arcanes numérotés du Tarot, ce n’est donc pas « un débutant » ! Derrière son air doux et attentif se cache une Connaissance et une Force acquises lors des épreuves, car sans en avoir l’air, il vient de revenir du monde des morts, du monde infernal et de la destruction physique annoncée. D’après la symbolique du dernier arcane rencontré (le XIIIe), il a réussi à s’extraire du sol noir et spongieux qui engloutit les êtres sans distinction aucune, tout en laissant planer une espérance de survie. Comme Jésus, il est sorti du tombeau. Car il faut savoir en sortir ! Ce qu’a réussi à faire le quatorzième arcane dont la sérénité masque l’efficacité puisqu’il possède les clés de l’Être et du Savoir ras- semblées en un véritable trousseau enrichi du contenu de chaque arcane rencontré lui ayant permis de cumuler maintes compétences, soit :

• la Volonté du Bateleur (I ou Aleph par sa place et sa forme) décidé à renoncer à sa réussite dans le monde des apparences pour entre- prendre une quête encore incertaine, mais devenue pour lui fondamentale.
• la Sagesse de la Papesse (II) hiératique, énigmatique et savante, garante de la Connaissance cachée qu’elle délivre parcimonieusement à qui elle le décide. Beaucoup devront « passer leur chemin » !
• l’Intelligence de l’Impératrice (III), sorte de « garde-fou » face aux épreuves possiblement déstabilisantes de la Voie. Elle veille sur un pouvoir qu’elle a pour mission de transmettre.
• la capacité d’action et la stabilité de l’Empereur (IIII) assis sur son trône protecteur, indétrônable, contrairement aux événements de l’histoire.
• la Spiritualité du Pape (V), gage de qualité sur la Voie symbolique. Situé au-delà de la dualité et accédant à l’unité de l’Esprit, il règne sur les Trois Mondes.
• les choix judicieux de l’Amoureux (VI) à la croisée des chemins entre plaisir et devoir dirait-on en observant ses deux « tentatrices » (Fais ce que dois !).
• la capacité de réussite et de domination du Chariot (VII) identifiable à la septième Séphirah Netzah (le Triomphe) marquant à ce niveau, la maîtrise du premier septénaire.
• l’Équilibre agissant de la Justice (VIII), vertu régalienne et référence pour toute action bénéfique et réussie, car juste dans ses desseins et ses moyens.
• la Connaissance et la sobriété de l’Hermite (VIIII) qui protège l’Or de la Connaissance sous le manteau de la discrétion, de celui qui sait.
• la libération des cycles contraignants des incarnations avec la Roue de la Fortune (X), pour que le « Fluctuat nec mergitur » de cet improbable équipage ne se transforme en radeau de la Méduse !
• la Force de l’arcane homonyme (XI) disponible dans les épreuves liées à la Voie de l’évolution, car tout résultat, quel que soit le chemin entrepris, demande son lot d’efforts et de force morale qui n’est pas à sous-estimer.
• le sacrifice heureux du Pendu (XII) dont le sourire nous conforte sur les bienfaits de la Confiant, il a placé ses mains dans le dos, car il sait « qu’il est un temps pour tout » selon l’Ecclésiaste.
• la régénération de la dernière rencontre douloureuse peut-être mais bénéfique, celle de l’Arcane sans nom (XIII) qui n’a pu l’arrêter dans son élan, et qui vient clore cet excellent « CV » du XIIIIe arcane ! Comme NUN (le poisson), 14e lettre de l’alphabet hébraïque, il a maî- trisé les fluides qui en noient encore beaucoup d’autres.

Disposant d’un panel de vertus et de compétences, Tempérance apparaît comme un arcane fondamental, toujours impliqué malgré les différentes épreuves traversées et se préparant déjà à la suite. Mais si supposer est bien, voir est encore mieux ! « J’avais entendu parler de Toi, mais maintenant mon œil Te voit » Job (XLII 5) (in La symbolique du corps humain, Annick de Souzenelle, Éd. Albin Michel). L’observation du XIIIIe arcane ne pourra que donner corps à ces suppositions.

Aspect général du personnage sur le XIIIIe arcane :

C’est une créature angélique comme il y en a peu dans le Tarot. La rareté ferait-elle la qualité ? Il possède en effet deux grandes ailes de couleur chair liées à sa propre nature dans un mes- sage d’unité, de vraies ailes aux plumes bien dessinées qui s’élèvent de son dos en un tout harmonieux. Harmonie est d’ailleurs le mot qui convient le mieux à cet arcane dès sa première observation. Ange ou archange ? Oswald Wirth y ver- rait l’archange Raphaël, c’est un choix.

Toujours est-il qu’après le XIIIe arcane sombre et inquiétant, l’angélisme de Tempérance nous projette vers les hauteurs bienfai- santes et apaisantes où souffle l’Esprit sans pour autant se contenter d’une élévation élitiste. Lui qui a eu accès à l’échelle céleste, en est redescendu riche d’un Savoir et d’une évidence spirituelle, qu’il dispense à qui veut bien les percevoir.

C’est ce que montre le geste de transvasement qu’il effectue de haut en bas dans la direction descendante, car l’Esprit nourrit la matière. Un geste de partage aussi de celui qui sait et montre ce qu’il faut faire dans un but d’exemplarité. On pourrait dire de Tempérance que c’est « l’ange gardien » de l’Initié. Plus qu’humain mais toujours impliqué et intéressé par le sort de ceux qui cherchent la Connaissance et attendent un geste, une aide, qui ne peut que consolider leur détermination.

Il est vrai que sa longue robe et ses longs cheveux lui donnent une allure plutôt féminine, mais on doit considérer le personnage de Tempérance comme un être androgyne, dont le sexe comme celui des anges n’est pas clairement défini, ce qui n’est pas un problème ici mais plutôt une nécessité comme le rappelle Oswald Wirth dans Le Tarot des imagiers du Moyen Âge : « S’il en est ainsi, c’est que le 5e ternaire du Tarot (XIII, XIIII, XV) se rapporte à la vie collective non individualisée, au fluide universel insexué, bien que susceptible de polarisations sexuelles. » Ce manque n’en est donc pas un à ce moment du cheminement dans la Voie du Tarot.

Même s’ils sont peu nombreux, d’autres Êtres angéliques apparaissent sur les arcanes majeurs du Tarot… et l’on pense à l’ange musicien qui participe au Jugement du XXe arcane, un Être totale- ment céleste aux ailes complexes dans son orbe bleu, qui vérifie si la transmission a été réussie pour que le tombeau ne se referme pas sur l’adepte. « Laissez les morts enterrer les morts ! » a dit Jésus désignant ceux qui croyant savoir, se contentent d’une vie routinière quelque peu sclérosée, n’ayant pas su capter le fluide régénérateur de la vie éter- nelle, ce fluide vital que dispense le XIIIIe arcane. Le son de la trompette sera-t-il celui de la destruction qui accompagne l’ouverture des sept Sceaux dans l’Apocalypse de saint Jean, ou celui des trompettes sonnant joyeusement pour accompagner l’entrée d’un souverain ?

L’Ange du XXIe arcane, avec ses ailes rouges, évoque une spiritua- lité agissante qui ne se contente pas des hauteurs célestes de l’Esprit mais s’intègre au quaternaire des Évangélistes dans un nombre terrestre (4) qui rappelle que « ce qui est en haut est comme ce qui est en bas » et que la finalité de toute Connaissance et évolution reste l’Humanité (4, ou Daleth, la porte dans l’alphabet hébraïque).

Et qu’en est-il du chérubin du VIe arcane (l’Amoureux) ? Ce petit Eros, avec ses petites ailes bleues et son petit arc qui n’est même pas bandé, désigne plus qu’il ne menace de sa flèche, le personnage central de l’arcane que l’on peut supposer à l’heure du choix. Tout semble se passer en dou- ceur et avec gentillesse dans cette situation qui suggère un choix pas encore « cornélien » même s’il engage déjà l’avenir  et  porte  une  dimension « céleste » qui le responsabilise.

Avoir des ailes, venir d’en haut… c’est une référence a priori fiable dont peu sont capables de se prévaloir. C’est le cas de l’Impératrice (arcane III) dont les deux montants du trône plus ou moins érodés en formes d’ailes, suggèrent des capacités encore latentes que cet Être intelligent saura utiliser le moment venu, à bon escient. Faire étalage de ses connaissances et de ses pouvoirs sans que cela ne soit vraiment opportun, n’est pas dans les recommandations du Tarot en général et du XIIIIe arcane en particulier qui accorde à la discrétion et à l’humi- lité plus de valeur qu’aux démonstrations extérieures voulues impres- sionnantes, mais qui ne peuvent s’imposer à l’aune de la véritable Connaissance.

Hors du Tarot lui-même, comment ne pas penser à l’archange saint Michel au sommet du mont qui porte son nom ? Ce mont qui précède la terre de France et dont la « Vigie céleste » assure la bienveillante protection. L’Archange ailé, armé de sa lance, terrasse le dragon des forces chtoniennes et montre, comme Tempérance, que l’on peut associer spiritualité, sérénité, protection et efficacité.

Comme eux, Tempérance se veut à la fois le garant et la démonstra- tion d’une transcendance active et constructive permettant de se régénérer et en propose même le mode d’emploi ! Mais attention à la prodigalité nous dit le Tarot divinatoire, pour que l’argent « ne coule pas à flot » et ne circule inconsidérément.

Les valeurs et proportions de Tempérance

 Le physique du personnage (XIIII) présente ses propres valeurs et proportions. Le bas du corps est longiligne… entièrement recouvert d’une longue et ample jupe 2/3 bleue (spiritualité) et 1/3 rouge (action), la spiritualité nourrissant l’action. Cette jupe qui semble traîner sur le sol enlève toute possibilité d’apercevoir les pieds, car leur appui est ailleurs. Comme le Pendu, c’est un Être céleste.

Le léger arrondi que suggère ce vêtement montre que la ligne droite terrestre, aussi loin qu’elle puisse se prolonger, devra se courber pour atteindre les espaces célestes infinis. La représentation de cette partie du corps est à l’opposé de celle de la Force du XIe arcane dont les jambes sont courtes par rapport à son buste, ce qui lui permet d’avoir un centre de gravité bas et de trouver plus facilement les appuis néces- saires à son action. On voit même dépasser un pied du bas de sa jupe, lui offrant une bonne stabilité, ce qui n’est pas le souci de Tempérance, Être céleste avant tout.

Le haut du corps (buste et bras) est dessiné avec une grande précision tant dans la forme que dans l’action qu’il suggère. Des deux côtés d’un haut bleu (esprit) sortent des manches de couleur rouge (action) qui habillent des bras écartés chacun à angle droit ce qui vient s’opposer à l’impression de courbes par ailleurs suggérée. Cette position des bras excessive et peu naturelle, montre la volonté de mettre là où c’est nécessaire de la rigueur ; une rigueur qu’exprime l’angle droit à 90° que d’autres angles (aigus, obtus) ne garantiraient pas dans l’optique d’une construction parfaite. Geste parfait, outil parfait (l’angle droit suggérant une équerre), action parfaite ?

Le visage est fin et beau, d’une grande douceur, et son regard à la fois attentif et quelque peu nostalgique se porte vers sa droite, lieu de spiritualité active. Sa chevelure entièrement bleue semble de couleur inhabituelle, mais pas pour le Tarot qui l’utilise sur quelques arcanes (VI, XVI, XVII, XX). Les personnages des mangas que l’on pensait innovants, ont été précédés par le Tarot qui sait depuis longtemps utiliser la couleur de façon interrogative et instructive pour que chacun trouve, le moment venu, la réponse appropriée.

Sur la chevelure de l’ange de Tempérance il n’y a « pas un cheveu qui dépasse » et elle s’oppose en cela aux boucles abondantes et libérées de la femme des Étoiles du XVIIe arcane. Pas de fantai- sie pour le XIIIIe arcane donc, mais de la rigueur atténuée par la douceur de ses traits et de son attitude, car il lui faut continuer à manifester cette maîtrise qui lui a permis de franchir maints obstacles dont le dernier, l’Arcane sans nom, n’est pas le moindre.

Notons que Tempérance n’a ni chapeau ni couronne mais que sa chevelure est décorée d’une fleur rouge à cinq pétales qui se situe en haut de son front, au milieu et à la base de sa chevelure, dans une uni- té renforcée puisque l’addition théosophique de 14 = 1+4=5.

L’action de Tempérance

Tempérance n’est pas un arcane marcheur comme le sont le XIIIe ou le Mat (l’arcane sans nombre), mais son immobilité n’est pas contrainte comme celle du Diable (XV), bloqué sur son pseudo-piédestal dont il ne veut pas descendre afin de garder le pouvoir qu’il pense avoir sur ce monde. Tempérance a fait le choix de se concentrer sur une action unique, ce qui en montre l’importance. Il s’agit d’un transvase- ment se faisant d’un vase bleu, réceptacle d’énergies régénératrices, tenu de sa main gauche en hauteur, vers un vase rouge qui les reçoit, tenu de sa main droite un peu plus bas. L’Esprit nourrit l’action et prend un chemin descendant.

C’est un fluide vital ondulant (car tout est vibrations) qui s’écoule, formé de trois brins initiaux devenus deux, en une idée de simplification et de purification au-delà de la manifestation. Sa direction presque horizontale, montre qu’il s’agit plus d’énergie que d’un véritable fluide, mais on peut quand même penser au Verseau du zodiaque avec la même idée de régénération associée à ce transvasement, celui de la Source de Vie et de Savoir (en haut) venant nourrir et enrichir ce qui est « en bas ». Pour certains mystiques, on parle du « don des larmes », ces vannes célestes qui purifient l’âme, mais entre passé et futur on peut aussi voir s’écouler le flot continu de la vie.

Dans Le langage secret du Tarot, Sylvie Simon et Marcel Picard ont constaté que le vase bleu « se situait au niveau de la rate organe de l’équilibre qui distribue l’énergie cosmique aux sept centres majeurs ou chakras et de là aux centres mineurs. Par la rate sont mises en contact la vie négative de la matière et l’énergie vivifiante du corps éthique ». Car il a fallu de l’équilibre à Tempérance pour ne pas être déstabilisé en affrontant les ténèbres et les symboles peu avenants du XIIIe arcane. L’expression populaire « courir comme un dératé » exprime l’importance de cet organe pourtant peu mis en avant dans son rôle et suggère de façon imagée la perte de contrôle de l’individu soumis à ce désordre physiologique incontrôlé. Se régénérer par l’échange de fluides et d’énergies selon les normes, la mesure et la Règle, est une façon de trouver ou pour le moins de garder cet équilibre, en évitant le désordre intérieur que pourrait entraîner la succession d’épreuves que doit affronter le chercheur du Tarot.

Dans cette même idée de fluide régénérateur universel, on peut se souvenir de l’eau du baptême que saint Jean-Baptiste déversa sur Jésus lors de son immersion dans le Jourdain, une eau baptismale qui précède le « baptême de feu et d’Esprit », le seul que reconnaissaient les Cathares. On peut évoquer aussi « l’ablution alchimique », cette opération de purification et de lavage progressif qui prépare l’Œuvre au Blanc.

Un aperçu des couleurs 

Après le bleu et le rouge déjà évoqués en situation, d’autres couleurs se partagent inégalement l’espace. « À tout Seigneur tout honneur ! », il y a de l’or, cet or dont rêve l’alchimiste et que l’on trouve sur le sol val- lonné comme c’est le cas pour la majeure partie des Lames du tarot, soit une dizaine dont le Mat qui le rappelle le plus. Il est fertile, avec ces deux plantes vertes à nouveau après le XIIIe arcane d’où cette cou- leur avait disparu. Une flore encore timide mais qui peut se manifester selon ses critères habituels que plusieurs arcanes évoquent à leur façon (I…VII… XVI… XVII… et le Mat).

Très vallonné, ce sol nécessite de savoir « où l’on met les pieds » pour tenter d’en connaître les pièges et ne pas faire comme le mage- astrologue de la fable, perdu dans la contemplation du ciel et qui ne voit pas le puits dans lequel il tombe. La Vigilance reste une vertu pérenne pour l’initié qui ne doit pas trop tôt crier victoire, et savoir trouver le moment opportun pour chaque chose, mais « tout vient à point à qui sait attendre » nous dit le Tarot. La Connaissance se révèle à qui la cherche avec raison et peut en faire profiter les autres, car sa mission reste altruiste.

On retrouve cet or sur le vêtement du personnage à deux niveaux, le cou et la taille, afin d’isoler les trois parties du corps : tête, buste, bassin et jambes. Ainsi, une large écharpe de couleur or couvre le haut des épaules et principalement le chakra de la gorge précédant le chakra frontal et coronal, posant la limite à une approche encore trop peu consciente de ce haut niveau spirituel comme le voile protégeant le sanctuaire ou Saint des Saints. Car c’est là que se situe la Porte des Dieux et l’accès aux trois Séphiroth suprêmes (Kether, Hochmah, Binah). Or également une large ceinture plissée couvre la taille et se distingue par son importance de celle qui apparaît sur d’autres arcanes I… III… IIII… VI… « Sans nombre » et VII avec lequel la ressemblance est la plus probante, évoquant non seulement une séparation mais un lieu d’échanges d’énergies.

D’autres couleurs se font aussi une place : La couleur chair du visage et des mains apparaît sur les ailes et sur le bustier où la forme de la poitrine n’est pas dessinée, ce que sait faire le Tarot quand il le veut (III, VIII, XI, XV, XVII, XX, XXI). Cette « platitude », renforcée par de fins traits verticaux, confirme la dualité physique du personnage et sa réalité angélique.

Le blanc apparaît sur les fluides vitaux ondoyants s’écoulant d’un vase à l’autre, car le blanc de la pureté ne peut qu’être associé à ce phénomène. Il tapisse aussi l’intérieur du vase rouge « réceptif », car il faut être préparé et purifié pour pouvoir profiter de ce qui vient « d’en haut » et ne pas le dénaturer : « Quand le disciple est prêt, le Maître apparaît ».

Le vert refait timidement son apparition après le XIIIe arcane d’où il avait disparu puisque les ténèbres ne permettent pas l’opération de photosynthèse. Il colore deux plantes situées de part et d’autre du per- sonnage qui leur dispense son énergie de façon égale et bénéfique. La vie physique et « naturelle » doit s’épanouir en même temps que l’évo- lution spirituelle, car elle lui donne cet équilibre qui reste une valeur fondamentale pour que la terre et la vie qu’elle présente ne se trouvent pas « bloquées », comme aurait pu l’être Tempérance, dans les affres du XIIIe arcane.

On ne peut se sauver seul ! Beaucoup de choses et d’êtres sont à prendre en compte dans le choix de l’évolution. Une idée dans l’air du temps, tardive peut-être, mais réelle, qu’exprime la tendance écolo- gique et que montre déjà le geste altruiste de Tempérance, partageant sans exclusion ses pouvoirs et ses connaissances. L’agressivité que cer- tains associent à ce qu’ils pensent être la vérité n’est pas de mise avec cet arcane tout de douceur et de persuasion sur l’idée d’unité, de conti- nuité, de renouvellement global et de permanence de la vie. Un arcane d’Espérance.

Pour résumer, avec son attitude empreinte de calme et de modéra- tion, l’ange de Tempérance apparaît comme un Être équilibré, serein, discret, un « connaissant » qui apaise et donne une image rassurante et positive de l’initié à la fois actif et responsable puisant « en haut » les moyens et motivations de son action « en bas ». C’est vraiment une belle et rassurante rencontre offrant une sorte de respiration entre les deux arcanes plus oppressants qui l’encadrent. « Revenu des Enfers, il va rencontrer le Diable… ». Comme l’annonçaient les prémisses de cette étude, Tempérance a su affronter l’Arcane sans nom (XIII) tout en se préparant à rencontrer son redoutable successeur dans la suite des arcanes, le Diable (XV), car le Tarot est toujours en mouvement. Le plus dur resterait-il à faire ? Pas forcément, car toute épreuve a un sens et une utilité, mais l’intérêt et la sympathie qu’a pu susciter cet arcane ne peuvent que nous rendre curieux de son avenir dans la Voie du Tarot.